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LES ONZE MILLE VERGES


de rire de ma femme, me redonna cette volupté âcre que j’avais déjà éprouvée.

Je me laissai déshabiller par le cruel soldat qui avait besoin de fouetter pour s’exciter.

Quand je fus nu, l’Alpin m’insulta, il m’appela : Cocu, cornard, bête à cornes et, levant la cravache, il l’abattit sur mon derrière ; les premiers coups furent cruels. Mais je vis que ma femme prenait goût à ma souffrance, son plaisir devint le mien. Moi-même je pris plaisir à souffrir.

Chaque coup me tombait comme une volupté un peu violente sur les fesses. La première cuisson était aussitôt changée en chatouillement exquis et je bandais. Les coups m’eurent bientôt arraché la peau, et le sang qui sortait de mes fesses me réchauffait étrangement. Il augmenta beaucoup ma jouissance.

Le doigt de ma femme s’agitait dans la mousse qui ornait son joli con. De l’autre main elle branlottait mon bourreau. Les coups, tout à coup redoublèrent et je sentis que le moment du spasme approchait pour moi. Mon cerveau s’enthousiasma ; les mar-