Page:Apollinaire - Les Onze mille verges, 1911.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
LES ONZE MILLE VERGES


vint dangereuse et demandait à grands cris les vidangeurs pour la vider. Je l’écoutais péniblement. Elle me reconnaissait.

— Mon fils, disait-elle, tu n’aimes plus ta mère, tu fréquentes d’autres cabinets. Assieds-toi sur moi et chie à ton aise.

Où peut-on mieux chier qu’en le sein de sa mère.

Et puis, mon fils, ne l’oublie pas, la fosse est pleine. Hier, un marchand de bière qui est venu chier dans moi avait la colique. Je déborde, je n’en puis plus. Il faut absolument faire venir les vidangeurs.

Le croirez-vous, monsieur, j’étais profondément dégoûté et peiné aussi, car j’adorais ma mère, mais je sentais en même temps un plaisir indicible à entendre ces paroles immondes. Oui, monsieur, je jouissais et me branlais.

On me poussa dans l’armée et je pus, grâce à mes influences, rester dans le nord. Je fréquentais la famille d’un pasteur protestant, établi à Archangel, il était Anglais et avait une fille si merveilleuse que mes descriptions ne vous la montreraient pas à