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LES ONZE MILLE VERGES

Elle tomba bientôt comme suffoquée par la jouissance et Mony à ce moment arrêta la main du Tatar.

Il lui remit le knout et l’homme, très excité, fou de désirs, se mit à frapper avec cette arme cruelle sur le dos de l’Allemande. Chaque coup laissait plusieurs marques saignantes et profondes, car au lieu de soulever le knout après l’avoir abattu, le Tatar le tirait à lui de telle façon que la limaille qui adhérait aux lanières emportait des lambeaux de peau et de chair qui tombaient ensuite de tous côtés, tâchant de gouttelettes sanglantes les uniformes de la soldatesque.

L’Allemande ne sentait plus la douleur, elle se lovait, se tordait et sifflait de jouissance. Sa face était rouge, elle bavait et lorsque Mony commanda au Tatar de cesser, les traces du mot : Putain, avaient disparu car le dos n’était plus qu’une plaie.

Le Tatar restait droit, le knout sanglant à la main, il semblait demander une approbation, mais Mony le regarda d’un air méprisant : « Tu avais bien commencé, mais tu as mal fini. Cet ouvrage est détestable. Tu as