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LES ONZE MILLE VERGES

Sa nudité contrastait singulièrement avec celle du Tatar.

Lui était très long, le visage émacié, les yeux petits, malins et calmes ; ses membres avaient cette maigreur que l’on prête à Jean-Baptiste après qu’il eut vécu quelques temps de sauterelles. Ses bras, sa poitrine et ses jambes héronnières étaient velus, son pénis circoncis prenait de la consistance à cause de la fustigation et le gland en était pourpre, couleur de vomissement d’ivrogne.

La kellnerine, beau specimen d’Allemande du Brunswick, était lourde de croupe ; on eut dit une robuste cavale luxembourgeoise lâchée parmi des étalons. Les cheveux blonds filasse la poétisaient assez et les Nixes rhénanes ne doivent pas être autrement.

Des poils blonds très clairs lui pendaient jusqu’au milieu des cuisses. Cette tignasse couvrait complètement une motte rebondie. Cette femme respirait une santé robuste et tous les soldats sentirent leurs membres virils se mettre d’eux-mêmes au port d’armes.