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LES ONZE MILLE VERGES


il agitait son cul en suçant le vit de Cornabœux comme s’il eût eu encore trente années de vie devant lui.

Pendant ce temps on avait dressé le pal de fer qui devait servir de siège au giton.

Quand tous les soldats eurent enculé le prisonnier, Mony dit quelques mots à l’oreille de Cornabœux qui était encore béat de la plume qu’on venait de lui tailler.

Cornabœux alla jusqu’au bordel et en revint bientôt accompagné de la jeune putain Japonaise Kilyému, qui se demandait ce qu’on lui voulait.

Elle aperçut tout à coup Egon que l’on venait de ficher, bâillonné sur le pal de fer. Il se contorsionnait et la pique lui pénétrait petit à petit dans le fondement. Sa pine par devant bandait à se rompre.

Mony désigna Kilyému aux soldats et la pauvre petite femme regardait son amant empalé avec des yeux où la terreur, l’amour et la compassion se mêlaient en une désolation suprême. Les soldats la mirent nue et hissèrent son pauvre petit corps d’oiseau sur celui de l’empalé.