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LES ONZE MILLE VERGES


J’eus une chaude pisse mais les dieux protégeaient
Le poète. Les glycines ont remplacé mes poils
Et Virgile chia sur moi, ce distique versaillais....

— Assez, assez, dit Cornabœux, des femmes, nom de Dieu !

— Voici la sous-maîtresse ! dit respectueusement Adolphe.

La sous-maîtresse, c’est-à-dire le blond Tristan de Vinaigre, s’avança gracieusement et, dardant ses yeux bleus sur Mony, prononça d’une voix chantante ce poème historique :

Mon vit à rougi d’une allégresse vermeille
Au printemps de mon âge
Et mes couilles ont balancé comme des fruits lourds
Qui cherchent la corbeille.

La toison somptueuse où s’enclôt ma verge
Sa pagnotte très épaisse
Du cul à l’aine et de l’aine au nombril (enfin, de tous côtés !)
En respectant mes frêles fesses,
Immobiles et crispées quand il me faut chier
Sur la table trop haute et le papier glacé
Les chauds étrons de mes pensées.

— Enfin, dit Mony, est-ce un bordel ici, ou un chalet de nécessité ?