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CHAPITRE VIII

Les événements de la journée m’avaient laissé complètement harassé. Je n’avais d’autre désir que le repos.

Lorsque je m’éveillai le lendemain matin, j’étais couché sur le dos, dans une position qui régulièrement me faisait bander. Bientôt j’entendis des pas s’approcher. Je voulus faire une farce à la régisseuse. Je soulevai ma chemise, jetai mes couvertures en faisant semblant de dormir.

Mais au lieu de la régisseuse, ce fut sa belle-sœur. C’était une femme de trente-cinq ans, c’est-à-dire l’âge où les femmes sont les plus chaudes.

Dans sa jeunesse elle avait été femme de chambre. Ayant épousé un vieux valet de chambre, qui avait de belles économies, elle vivait avec son mari et ses trois enfants (un garçon et deux filles de dix, onze et treize ans) chez son frère le régisseur.

Mme Muller n’était ni belle, ni laide, grande, élancée, elle avait le teint foncé, des cheveux