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Toutes deux étaient aussi désirables, l’une avec sa virginité encore intacte d’un contact masculin et prometteuse de voluptés insoupçonnées, l’autre avec sa maturité excitante de femme mariée et qui s’est livrée avec plaisir à toutes les fantaisies d’un mari plein d’imagination.

Au moment où elles entrèrent j’étais en train de me laver et j’expliquai que j’avais essayé de me lever du lit, car au fond, ma maladie feinte commençait à m’ennuyer considérablement.

Ma tante qui n’avait encore vu ni ma chambre ni la bibliothèque, entra dans cette dernière. Ma mère s’en alla à la cuisine pour surveiller les préparations du repas.

Cet isolement avec ma jolie tante qui, maintenant, me semblait doublement désirable, m’excita considérablement. Mais je me ressentais encore de ma séance avec la régisseuse et je dus m’avouer que trop de hâte pourrait compromettre pour toujours mes desseins.

Marguerite, après avoir examiné la bibliothèque, s’était approchée de la table et, sans s’asseoir, regardait ce qui s’y trouvait. Elle pouvait faire d’intéressantes découvertes. Le volume O de l’Encyclopédie était dessus. Un signet marquait le mot « Onanisme » auprès duquel j’avais mis au crayon un point d’interrogation. Je l’entendis refermer le livre et ensuite L’Atlas anatomique en s’arrêtant plus longtemps sur certaines planches.

Aussi n’y avait-il rien d’étonnant à ce que ses