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Kate sans faire le moindre bruit. Elle était assise par terre, le dos à moitié tourné vers moi et elle se penchait vers son lit. Devant elle, était une chaise sur laquelle était placé un miroir, à gauche et à droite du miroir brûlaient deux bougies. Kate était en chemise et je vis distinctement dans le miroir qu’elle tenait à deux mains quelque chose de long et blanc qu’elle faisait aller et venir entre ses cuisses largement ouvertes. Elle soupirait profondément et secouait tout son corps. Tout à coup, je l’entendis crier : « Oh, oh, aah ! ça fait du bien ! » Elle penche la tête, ferme les yeux et semble complètement hors d’elle. Alors, je remue, elle fait un bond et je vois qu’elle tient une bougie qui était presque complètement cachée. Là-dessus, elle m’explique qu’elle fait cela en souvenir de son amant qui a dû partir faire son service militaire. Je m’étonnai que l’on pût agir ainsi, mais elle me supplia de ne rien révéler. Je m’en allai, mais ce spectacle m’avait tant frappée que depuis je n’ai pas pu m’empêcher, mon père, d’essayer la même chose, que depuis, hélas ! j’ai souvent recommencée. Oui, je suis tombée plus bas encore, mon père. J’ai souvent enlevé ma chemise et dans diverses positions je me suis procuré, selon son exemple, des plaisirs coupables.

Le confesseur lui recommanda le mariage et lui donna l’absolution.