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Par cet escalier on arrivait à la chapelle, et derrière la porte verrouillée et rouillée, parce que depuis longtemps on n’en avait pas fait usage, on entendait la voix du capucin qui disait à ma mère, qu’il la confesserait le lendemain à cette place.

La cloison de bois à laquelle se trouvait adossé le confessionnal, laissait passer distinctement chaque parole. Il me sembla donc que de cette place je pourrais tout entendre.

Je pensai aussi que cet escalier avait dû être ménagé dans les siècles écoulés, par un seigneur jaloux qui voulait entendre les confessions de son épouse.

Le lendemain, après mon café, la femme du régisseur vint pour faire ma chambre. J’ai dit qu’elle était enceinte et je pus à mon aise contempler l’énorme masse de son ventre et aussi la grosseur inaccoutumée de ses tétons dont on pouvait apercevoir le ballottement sous la légère blouse qu’elle portait.

Cette femme était agréable et avait un assez joli visage. Elle avait été, auparavant, servante dans le Château, jusqu’à ce que le régisseur qui l’avait engrossée l’eût épousée.

J’avais déjà vu des seins de femme en image ou sur les statues, mais je n’en avais jamais vu au naturel.

La régisseuse était pressée. Elle n’avait fermé qu’un bouton de sa blouse et il arriva qu’en se courbant pour faire mon lit, ce bouton se défit