Page:Apollinaire - Les Exploits d’un jeune Don Juan.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en un grand jet, suivi d’autres moins puissants. J’avais déchargé pour la première fois.

Mon engin se ramollit rapidement. Je regardais maintenant avec curiosité et intérêt le sperme qui m’était tombé sur la main droite, car il sentait le blanc d’œuf et en avait l’apparence. Il était épais comme de la colle. Je le léchai et lui trouvai une saveur d’œuf cru. Finalement, je secouai les dernières gouttes qui pendaient au bout de mon membre complètement endormi et que j’essuyai avec ma chemise.

Je savais, par mes lectures précédentes, que je venais de me livrer à l’onanisme. Je cherchai ce mot dans le dictionnaire et trouvai un long article là-dessus, si détaillé que quiconque n’en aurait pas connu la pratique l’aurait infailliblement apprise.

Cette lecture m’excita de nouveau, la fatigue qui avait suivi ma première éjaculation était passée. Une faim dévorante avait été le seul fruit de cette action. À table, ma mère et ma tante s’aperçurent de mon appétit, mais l’attribuèrent à la croissance.

Je remarquai, dans la suite, que l’onanisme ressemblait à la boisson, car plus on boit, plus on a soif…

Ma pine ne cessait de bander et je ne cessais de penser à la volupté, mais les plaisirs d’Onan ne pouvaient me satisfaire éternellement. Je pensais aux femmes et cela me semblait dommage de gâcher mon sperme en me branlant.