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un buisson de poils noirs, qui descendait assez pour entourer les deux jolies lèvres de son con, mais à cet endroit les poils n’étaient pas aussi épais qu’au-dessus où ils couvraient un espace que j’aurais eu peine à cacher avec la main.

« Vois-tu, Ursule, maintenant j’ai vu aussi ta marmotte noire ! » dit Valentin assez excité, et il accepta sans broncher les coups et les injures de la jeune fille qui s’était réellement mise en colère.

Le second valet voulut aussi agir avec une fille de la même façon que Valentin avait agi avec Ursule.

Cette seconde servante était une assez belle fille dont le visage, le cou et les bras étaient si couverts de taches de rousseur qu’on ne voyait presque plus sa couleur naturelle. Elle en avait aussi sur les jambes, mais moins et plus grosses. Elle avait l’air intelligent, ses yeux étaient bruns, ses cheveux roux et crépus. Elle n’était en somme, pas jolie jolie, mais assez excitante pour donner des désirs à un homme. Et le valet Michel semblait excité : « Hélène, dit-il, tu dois avoir une motte rouge, si elle est noire, c’est qu’elle a été volée !

— Salaud ! » dit la belle paysanne.

Il l’empoigna comme avait fait Valentin.

Mais elle avait eu le temps de se relever et au lieu de voir la jolie motte, il reçut une grêle de coups en plein visage qui lui firent voir trente-six chandelles.