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c’étaient tout de même des paysannes bien bâties, hâlées par le soleil et d’un âge variant entre vingt et trente ans.

Lorsque ces femmes furent arrivées à l’étang, elles s’assirent dans le gazon de la rive et trempèrent leurs pieds dans l’eau.

En prenant leur bain de pieds elles jacassaient à qui mieux mieux.

Elles étaient en face de nous et à peine éloignées de dix pas, ce qui faisait qu’on distinguait très bien la différence de couleur entre leurs mollets bruns et leurs genoux beaucoup plus blancs, qui étaient complètement découverts, chez quelques-unes on voyait même une partie de la cuisse.

Berthe ne semblait prendre aucun plaisir à ce spectacle et me tirait par le bras pour que nous nous en allions.

Alors nous entendîmes des pas tout près de nous, et nous vîmes arriver trois valets sur un sentier près de nous.

Quelques-unes des servantes mirent de l’ordre dans leurs vêtements à la vue des hommes, et particulièrement l’une, qui avait des cheveux d’un noir de charbon et quelque chose d’espagnol dans le visage où brillaient deux yeux gris clair et malicieux.

Le premier des valets, qui était un homme d’aspect idiot, ne prit pas garde à la présence des femmes, et, se plaçant devant notre cachette, déboutonna son pantalon pour pisser.