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Roger s’était dressé comme celui d’un homme. Il paraît qu’il est d’ailleurs assez gros. “S’il était un homme, a-t-elle ajouté, je me le laisserais bien mettre par lui. Prends garde, Berthe, qu’il ne te le mette pas.”

— Qu’est-ce que ça veut dire : le mettre ? demandai-je.

— Eh bien, oui ! quand on se les frotte l’un à l’autre. Kate me l’a déjà fait et j’ai dû le lui faire aussi. Elle m’a fait bien plus de plaisir que toi tout à l’heure. Elle se mouille toujours le doigt. J’ai dû lui mettre le pouce parce qu’il paraît que c’est le doigt qui entre le plus loin. Alors je l’ai remué vite d’avant en arrière et ça lui a fait plaisir. Elle me l’a fait et ça m’a fait plaisir aussi, mais la première fois qu’elle se l’est fait faire, elle m’a beaucoup effrayée. Elle a commencé à soupirer, à souffler, elle s’est mise à crier en se secouant, si bien que j’allais cesser croyant qu’elle avait mal : “Ne cesse pas, Berthe”, m’a-t-elle dit, et elle s’est secouée en criant : “Berthe, Berthe, ça vient, oh ! oh ! oh !…”

« Puis elle est retombée sur le lit, comme évanouie. Quand j’ai retiré mon doigt de sa fente, il était comme plein de colle. Elle m’a fait laver et m’a promis de me faire venir aussi cela, lorsque je serai plus vieille et que j’aurai du poil sur ma motte. »

Mille pensées me traversaient la tête, j’avais cent questions à faire, parce qu’il m’était resté beaucoup à comprendre.