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Elle disait cela d’une façon si assurée que je vis que c’était sérieux. Je ne bandais plus. Je pris ma chemise et m’habillai pendant que ma tante Marguerite prenait un bain de pieds. D’ailleurs, pour que je ne lui en demande pas plus, elle me dit qu’elle se sentait indisposée et qu’elle ne se baignerait pas.

Lorsque je fus habillé, elle sortit de la baignoire pour s’essuyer. La serviette était humide de mon corps, je me mis à genoux et essuyai les jolis pieds de ma tante. Elle me laissa faire sans protester. Lorsque je passai entre les orteils elle rit et lorsque je touchai la plante des pieds en la chatouillant cela la remit complètement de bonne humeur et elle consentit aussi à se laisser essuyer les mollets.

Quand j’arrivai aux genoux, elle m’indiqua elle-même que je ne devais pas aller plus haut. J’obéis, bien que depuis longtemps je brûlai de savoir ce que les femmes portaient sous les jupes de si précieux, qu’elles se crussent obligées de le tenir si soigneusement caché.

Ma tante et moi, nous étions de nouveau amis, mais depuis je dus me baigner seul.

Ma mère devait avoir appris ces choses de ma tante mais elle ne m’en laissa rien voir.

Nous allons maintenant abandonner ces propos qui étaient nécessaires pour l’intelligence de ce qui va suivre.

Il faut maintenant retourner un peu en arrière et reprendre le fil de notre histoire.