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d’agir qui tenaient à ce que la puberté avait fait son apparition chez Élisabeth. Ses hanches s’étaient arrondies, ses tétons commençaient à se gonfler et les premiers poils avaient fait leur apparition sur sa motte, comme je l’appris plus tard.

Ce jour-là, Berthe avait seulement entendu ma mère dire à ma tante en quittant la salle de bains : « Chez Élisabeth, c’est venu de très bonne heure.

— Oui, chez moi une année plus tard.

— Chez moi deux ans plus tard. Il faudrait maintenant lui donner une chambre à coucher pour elle seule.

— Elle pourra partager la mienne », avait répondu ma tante. Berthe m’avait raconté tout cela et naturellement le comprenait aussi peu que moi-même.

Cette fois-là, donc, dès que ma sœur Élisabeth en entrant m’eut vu tout nu avec mon petit vit tout dressé comme un petit coq en colère, je m’aperçus que son regard s’était porté sur cet endroit extraordinaire pour elle et qu’elle ne put cacher un mouvement de profond étonnement, mais elle ne détourna pas son regard. Au contraire.

Lorsque ma mère lui demanda brusquement si elle voulait aussi se baigner, une grande rougeur envahit son visage et elle répondit en balbutiant : « Oui, maman !

— Roger et Berthe ont maintenant fini, répliqua ma mère, tu peux te déshabiller. »