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Elle était accompagnée d’une sœur plus jeune qu’elle et encore à marier, d’une femme de chambre, de moi, son fils unique, et enfin d’une de mes sœurs plus âgée que moi d’un an.

Nous arrivâmes tout joyeux à la maison de campagne que les gens du pays avaient surnommée le Château.

Le Château était une vieille demeure de fermiers riches. Il datait, sans doute, du xviie siècle. À l’intérieur il y avait beaucoup de place, mais la disposition des pièces était si extraordinaire qu’en somme cette maison était plutôt incommode à habiter à cause des allées et venues qu’occasionnait ce désordre architectural. Les chambres n’étaient pas placées comme dans les maisons ordinaires, mais étaient séparées par une masse de couloirs obscurs, de corridors tortueux, d’escaliers en spirale. En un mot, c’était un véritable labyrinthe et il fallut plusieurs jours pour se reconnaître dans cette maison afin d’arriver à une notion exacte de la disposition des appartements.

Les communs où étaient la ferme avec les étables et les écuries étaient séparés du Château par une cour. Ces bâtiments étaient reliés par une chapelle dans laquelle on pouvait aussi bien entrer par la cour, que par le Château ou les communs.

Cette chapelle était en bon état. Elle était autrefois desservie par un religieux qui habitait le Château et s’occupait aussi du soin des âmes