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CHAPITRE XI

À table on fut très gai. Mon père s’occupait de maman. M. Franck s’empressait autour de ma tante. Je m’entretenais avec mes sœurs. On avait donné ma chambre à l’invité. Je devais coucher au même étage que les femmes, dans la chambre d’Élise, qui partageait celle de Berthe avec Kate.

Quand tout le monde fut couché, je regardai dans la chambre de mes sœurs. Berthe dormait mais Élise n’était pas là. Je vis une lumière, je me cachai et vis paraître Élise et ma tante en chemise qui regardaient par une fente de la porte de mes parents. On entendait de fortes claques sur un cul nu. Puis la voix de mon père s’éleva : « Maintenant laisse tomber la chemise, Anna… Comme tu es belle avec tes poils noirs. »

Baisers et chuchotements.

« Marche, Anna. En avant, marche !… Halte !… Les bras en l’air… Que tu as de poils aux aisselles… Regarde comme je bande,