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LE POÈTE ASSASSINÉ

croniamantal

Ô source fécondante, tes eaux semblent ta chevelure. Les fleurs naissent autour de toi et nous nous aimerons toujours.

On n’entendait que le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles, et parfois les clapotements d’un oiseau jouant dans l’eau.

Un fopoîte parut dans le petit bois : c’était Paponat l’Algérien. Il s’approcha de la source en dansant.

croniamantal

Je te connais. Tu es Paponat, qui étudias en Orient.

paponat

Lui-même. Ô poète d’Occident, je viens te visiter. J’ai appris ta conversion, mais j’entends qu’il y a encore moyen de converser avec toi. Quelle humidité ! Rien d’étonnant si ta voix est rauque, et tu aurais besoin d’une calcophane pour la clarifier. Je me suis approché de toi en dansant. N’y aurait-il pas moyen de te tirer de la situation où tu t’es mis ?

croniamantal

Pouah ! Mais dis-moi qui t’a appris à danser.