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l’Imitation de notre maître Napoléon, de Cinq ans chez les sauvages, et de bien d’autres ouvrages pleins d’une verve subtile. Je résolus d’aller trouver chez lui Ernest La Jeunesse, et bien que nous ne nous fussions point encore rencontrés, il m’accueillit avec sympathie, dès le lendemain matin, dans l’hôtel où il habitait, hôtel sis au bout d’un lointain boulevard, près de la Bastille. Me voici chez ce nouvel auteur des Nuits, chez ce Musset qui n’est pas le poète de la jeunesse comme était l’autre, mais qui est La Jeunesse même.

Je le remarque à peine et le salue machinalement. Sa chambre retient toute mon attention. Le sol est encombré de livres à belles reliures, d’émaux, d’ouvrages en ivoire, en cristal de roche, en nacre, de boussoles, de faïences de Rhodes et de Damas, de bronzes chinois. À gauche de la porte, sur une table de bois blanc, se trouve une profusion de camées et d’intailles, de gemmes grecques archaïques, de scarabées étrusques, d’anneaux, de cachets, de statuettes africaines, de jouets, de netsukés, de toys de Chel-