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lui. J’en avais presque honte et quand je le quittai, je sortis à reculons afin que l’éclat des éperons ne désolât point ce gentil et vaillant garçon.

J’ai rencontré quelques autres littérateurs soldats au cours de mon instruction militaire, soit à Nice soit à Nîmes. J’ai revu le dramaturge Auguste Achaume, caporal dans un régiment de territoriaux. Il avait bonne figure sous la capote et, cantonné dans un skating, couchait sur l’estrade de l’orchestre ; il couche à présent sous la tente. Dans le dépôt d’artillerie où j’achevais mes « classes », mon lit était près de celui d’un brigadier poète, René Berthier, qui fit partie à Toulon du groupe littéraire des Facettes. J’ai lu de ses poèmes et, à mon avis, il est un des meilleurs poètes de sa génération. Il est maintenant sous-lieutenant d’artillerie. Ce poète est encore un savant de premier ordre dont les inventions utiles à l’humanité ne se comptent plus.

J’ai rencontré encore à Nîmes, Léo Larguier, qui eut plusieurs fois l’occasion de fréquenter la maison du 1, rue Bourbon-le-Château, et qui a publié sur la