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« Il veut être cuisinier, dit le philosophe, et j’ai pensé qu’il lui fallait d’abord apprendre la pâtisserie… J’ai des relations du côté de la cuisine et s’il pouvait devenir un grand cuisinier, rival de Carême ou d’Escoffier, son sort serait certainement enviable. »

Je vis ainsi que ce brave homme, plein de raison, au lieu de pousser son fils hors de sa condition, voulait lui donner, dans cette condition même, le moyen d’acquérir une situation importante.

Quant à Michel Pons, oubliant la destinée de son nouveau livre, il interrogeait son ami, lui demandant s’il avait fait le service de son volume, la Théorie du succès, à tel ou tel personnage utile. Il lui donnait encore des conseils sur les démarches qu’il fallait faire et je sus qu’après s’être occupé personnellement de l’édition de ce livre il avait fait lui-même mainte démarche en sa faveur, comme il avait écrit plusieurs articles pour le vanter.

Et, lorsque je quittai ces deux amis, tenant les Chants d’un déraciné sous le bras, j’ouvris la Théorie du succès et me mis à fredonner la chanson provençale citée par Mistral :