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ments tragiques qui ont mis à feu et à sang la malheureuse capitale de la France. Toutefois, au cas où la nouvelle aurait devancé ma lettre, celle-ci vous rassurera sur mon sort et celui de la mission.

Lorsqu’obéissant aux volontés du conseil de l’Église, je pris congé de mes épouses et quittai Salt Lake City, pour diriger les missionnaires chargés d’aller évangéliser la vieille Europe, je n’éprouvai nulle part l’étonnement fait d’admiration et d’horreur qui me surprit dans la cité géante qui a remplacé Rome à la tête du monde.

On trouve à Paris un singulier mélange de grandeur et de misère bien fait pour frapper les yeux d’un citoyen des États-Unis, accoutumé à l’agréable simplicité de nos villes naissantes dans lesquelles, s’il y manque l’architecture sublime des palais, des monuments et des édifices religieux, l’ordonnance grandiose des places et des jardins, les perspectives ménagées avec un goût délicat et audacieux des promenades publiques, on ne trouverait