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Elvire était peintre plus qu’elle ne le savait elle-même. Mais elle ne songeait pas à Pablo Canouris ni à l’étreinte de leurs mains. Elle se rappelait certaines scènes de cinéma qui l’avaient enchantée et n’oubliait pas la conversation qu’elle avait eue avec le faux Ovide touchant le mormonisme.

En s’apprêtant pour aller rue Delambre et en cherchant la copie de la lettre où il était question de sa grand’mère, elle se disait :

« Je ne sais pas pourquoi, après tout, il n’y aurait pas un mormonisme féministe, des femmes ayant plusieurs maris. Ce serait rigolo. Et d’abord ça existe, pas pour les maris, mais pour les amants. Il faudra que je fasse un portrait d’Anatole de Saintariste en lieutenant, à côté de sa poule Corail. Elle est difficile à dessiner cette petite. »

Puis, elle alla au rendez-vous, rue Delambre. Le vieil Hessois, qui avait vécu chez les Mormons, était un beau vieillard, à l’intelligence ouverte et claire. Il reçut