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Morisse, André Billy et Paul Léautaud.

S’il a une couleur différente du Montmartre d’autrefois, le Montparnasse contemporain, et même en temps de guerre, n’a pas moins de gaieté, de simplicité et de laisser-aller. Les costumes à l’américaine des artistes d’aujourd’hui ne sont ni moins larges ni d’un autre velours que celui des rapins d’autrefois ; ils sont larges d’une autre façon, voilà tout, et la sandale, après tout, n’est pas moins germanique que l’affreuse bottine à élastique de jadis. Bientôt, c’est-à-dire après la guerre, je gage, sans le souhaiter, Montparnasse aura ses boîtes de nuit, ses chansonniers, comme il a ses peintres et ses poètes. Le jour où un Bruant aura chanté les divers coins de ce quartier plein de fantaisie, les crèmeries, la caserne-atelier de la rue Campagne-Première, l’extraordinaire Crèmerie-Grill-Room du boulevard du Montparnasse, le restaurant Chinois, qui vient de mourir, les mardis de la Closerie des Lilas, morts depuis la guerre, ce jour-là Montparnasse aura vécu. L’Agence Cook