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s’y est arrêté un jour et une nuit avant d’arriver dans la ville sainte.

On y a toujours cultivé avec soin un laurier qu’il y planta de sa main.

Il se trouve au bord d’une grande pelouse, dont le centre est occupé par un petit bois de trembles.

Près du laurier est un banc, et c’est là que, chaque matin, la jeune et jolie princesse Lydie Charbatzky, vient lire ou songer.

Son père et ses trois frères sont soldats. C’est à eux qu’elle songe et aussi à toutes les femmes qui ont des êtres chers à la guerre.

C’est ainsi qu’un matin, pensant à tout cela, elle tendit machinalement la main vers le beau laurier et en cueillit une branche qu’elle porta à ses lèvres. Et, l’ayant baisée, elle la jeta au vent en disant :

« Petite branche de laurier, je te dédie à celui qui ramènera ceux que nous aimons, au grand soldat tacite qui modestement prépare la victoire ! »