Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rien que de commun et il n’y a là qu’une application du dicton : avoir foi dans son étoile. Mais le poilu ajoutait qu’il fallait être en communication avec cette étoile, afin que sa vertu protectrice pût s’exercer et que l’or monnayé seul pouvait vous mettre en communication avec l’étoile.

Il possédait lui-même sa pièce d’or et, comme il avait foi en son étoile, aucun acte de bravoure ne lui paraissait dangereux à accomplir.

« Je suis tranquille, disait-il, je ne serai jamais touché. »

Il ne fut pas tué, mais grièvement blessé. Je ne crois pas qu’il ait conservé cette foi aveugle dans les vertus de l’or.

La dernière que j’aie entendue vanter, c’est le pouvoir qu’il aurait d’empêcher la putréfaction, si bien qu’après la guerre, le cadavre étant reconnaissable, pourrait être transporté dans la tombe familiale, au petit cimetière du village natal.

Celui qui exprimait cet avis était un petit Breton ingénu et très brave. Sa mère lui avait dit ce qu’il répétait touchant l’or.