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de la Suisse et maintenant qu’il approchait du village où il était né, son cœur battait très fort.

Il avait vu un grand nombre de villages que l’artillerie et l’incendie ont ruinés. Les uns sont réduits à l’état de squelettes ; il ne reste que quelques murs. Quelquefois l’église est presque intacte. Le plus souvent le clocher a été abattu. Mais tous ces décombres ont déjà l’aspect grandiose des ruines antiques. Malgré l’horreur qu’elles représentent, on est forcé d’en admirer la beauté, que dis-je ? la pureté.

Dans les villes du front, la guerre n’a causé que des dégâts dont l’apparence sinistre ne peut que serrer le cœur. Il n’y a que des démolitions. Dans les villages, au contraire, la ruine est pour ainsi dire achevée et forme un ensemble empreint le plus souvent d’une grandeur touchante, d’une délicatesse à pleurer.

A… D… avait reproduit ce caractère dans ses études, car il était sensible et chacune des ruines qu’il avait vues avait