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point tandis que, convalescent, il reprenait pour ainsi dire sa vie d’avant la guerre.

Dans le milieu de poètes et de peintres qu’ils fréquentaient, milieu où l’on n’est pas toujours enclin à la bonté, mais où l’on est toujours sensible, une anecdote émouvante remuait alors les cœurs, c’est une anecdote de guerre et cependant ce n’est pas une anecdote militaire. Elle m’a été racontée par le héros lui-même. Il m’a prié de taire son nom et de changer légèrement quelques circonstances. Je m’incline devant son désir, tout en regrettant de ne pouvoir donner ce cachet d’authenticité, ou plutôt cette précision à un si beau trait de la vie contemporaine.

Pour ma part je ne connais rien de plus noble que cette vision d’un village en ruines qui se dresse superbement intact sur le Thabor transfigurateur de l’Art.

Le peintre A… D… avait obtenu d’aller peindre dans la zone des armées les vues pittoresques des ruines de la guerre.

Il parcourait le front depuis les confins