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pont sombre comme celui du Vaisseau-Fantôme chantonnaient Amela Djiriwel ya la la… Et quand le jour revint, la côte d’Afrique avait disparu…

En repassant par Paris, le Permissionnaire entendit raconter l’histoire d’une dame qui sait quand la guerre doit finir. Cette dame se rendait au Sacré-Cœur, à Montmartre. Le fiacre qui la conduisait avançait cahin-caha, car la montée est rude.

Une pauvresse suivait péniblement le même chemin. La dame lui offre charitablement une place dans sa voiture. La vieille accepte et la conversation s’engage.

Le sujet, tout le monde le devine.

« Rassurez-vous, ma petite dame, la guerre sera finie au mois de…

— En…, vous plaisantez ?

— La guerre sera finie en…, aussi vrai que le cocher qui nous conduit sera mort dans une heure. » Ce n’est pas la seule prophétie que je connaisse concernant la guerre et, à Nîmes, on m’a montré le manuscrit d’un prophète-poète, émule de