Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Michigan venu pour tendre des pièges sur la rivière du Jourdain et aux bords du lac Utah, bouscula les quinze épouses de l’Elder Lubel Perciman. Ce nègre à chemise bleue, à l’œil calme, trompetait sa marchandise à travers la ville et s’arrêtait parfois pour danser la gigue devant les demeures qui lui paraissaient opulentes, repoussait avec violence ces femmes en vêtements de soirée qui se trouvaient sur son passage et, tandis que toutes se garaient, les Américaines poussaient des cris de courroux et, vite revenues de leur premier mouvement de crainte, tombèrent sur l’importun à coups d’éventails. Et lui qui voulait parler au Prophète qui arrivait à son rang dans le cortège auprès du patriarche et parmi les Apôtres, fit un faux pas et tomba devant la troupe auguste.

« Le président s’arrêta et avec lui le cortège tout entier et, tandis que se prolongeaient les sonneries de trompettes, le nègre criait :

« — J’ai vu d’un ciel orange Christ-