Nous sommes vingt épouses et chacune a son foyer dans un verger plein de fruits et notre mari nous visite à tour de rôle.
« — Venez avec moi, ô jeune fille, je suis venue aussi d’Europe, un jour. J’avais perdu mon seul amour. Et c’est ici la ville sans amour. Et quel bonheur est semblable à celui de la chair satisfaite quand l’esprit ne peut plus connaître la jalousie ?
« Et ces épouses enceintes voulaient séduire les Européennes pour amener à leur mari de nouvelles mariées. Elles parlaient avec enthousiasme de leur bonheur sans amour, sans jalousie. Et toutes avaient oublié d’anciens souhaits de tendresse entre deux êtres.
« Les ventres de ces femmes prophétisaient la grandeur de la nation. Leur descendance pullulerait par le monde.
« Plusieurs épouses à chaque foyer s’encourageaient l’une l’autre, s’aidaient, se soignaient mutuellement, s’entendaient pour que l’époux, libéré des inquiétudes de la chair par la variété des satisfactions, pût se consacrer à ses entreprises de