Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

robes grises traînaient dans la poussière, elles étaient coiffées de grands chapeaux de feutre noir sans ornement et dont la calotte affectait la forme de gibus très bas tandis que, très larges et recourbées devant et derrière, les ailes s’étrécissaient sur les côtés. Il y avait le cortège des onze femmes du Soleil de Perfection, Robin Farmesneare. L’une portait un vêtement de laine rouge, c’était une mère, deux avaient des robes de soie puce, deux autres avaient des jupes de toile blanche empesée avec des canezous jaunes à bretelles roses, quatre avaient des jupes courtes, qui bleue, qui verte, avec un grand nœud écossais à rayures jaunes, noires et rouges sur le derrière, la dernière enfin avait une robe en soie de couleurs changeantes, à taille courte ; leurs cheveux étaient épars et elles portaient sur la tête de petits diadèmes indiens en plumes blanches et rouges. Elles portaient le nom de leur mari précédé de leur nom paternel. Toutes onze étaient enceintes et leur grossesse à toutes paraissait avancée ; leurs ventres