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vivaient dans une société où la religion prescrit et honore l’œuvre de chair et les sérails paternels exaltaient leur concupiscence.

« Trois Indiens sortirent fièrement d’un débit de boissons. C’étaient des Utes, vêtus de vieux pantalons, coiffés de bonnets en fourrure de vison et chaussés de mocassins précieux qu’ornaient des perles en verroterie blanche et verte et un mouchoir rouge était noué à leur cou nu. Ces Peaux-Rouges marchaient avec dignité, sachant qu’on les regardait comme le reste des Lamanites, dernière nation issue des dix tribus d’Israël qui furent perdues après la captivité de Babylone et dont le livre de Mormon renferme l’histoire, la grandeur et les malheurs sur le continent américain.

« Ils formaient la noblesse de la nouvelle cité où, en faveur de leur origine, on les laissait vivre pouilleux, débauchés et misérables. Et les traditions qu’ils observaient encore, malgré leur décadence morale, avaient servi de modèle aux réformateurs mormons.