Page:Apollinaire - L’Hérésiarque et Cie.djvu/293

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’AMPHION FAUX-MESSIE 283

ment. Puissé-je l’avoir tué et avoir encore près de moi mon ami Dormesan. J’ouvris la fenêtre pour connaître quel miracle avait encore accompli le prodigieux thaumaturge, et je vis une nuée de camelots porteurs de journaux divers, qui, malgré les ordonnances de police interdisant l’annonce des informations, criaient tous en courant à toutes jambes :

La mort du Messie, curieux détails sur sa fin subite.

Mon sang se glaça dans mes veines, et je tombai évanoui.

Je me réveillai vers une heure du malin, et frissonnai en touchant près de moi le cadavre. Je me levai aussitôt ; puis, je soulevai le corps en rassemblant toutes mes forces et je le jetai par la fenêtre. Je passai le reste de la nuit à effacer les taches sang qui s’étalaient sur mon parquet, puis je sortis acheter les journaux, et j’y lus ce que tout le monde sait : la mort subite d’Aldavid dans huit cent quarante villes situées dans les cinq parties du Monde Celui qu’on appelait le Messie semblait prier