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ricanant le faux Messie ; et me croyez- vous assez sot pour vous avoir donné les lumières suffisantes qui vous permettraient de me faire tort en détruisant mon appareil? Détrompez-vous!... La colère m’aveuglait, je ne savais plus au juste ce que je faisais. Ayant saisi sur ma table un revolver qui s’y trouve toujours, j’en déchargeai les six balles sur le faux corps apparent et solide du faux Messie, qui s’affaissa en poussant un grand cri. Je me précipitai :1e corps était là, je venais de tuer mon ami Dormesan, criminel, mais compagnon si agréable. Je ne savais que faire : — Il m’a abusé, me dis-je, c’était une farce. Il est bien venu ici à l’improviste, il est entré sans que je l’entendisse, ma porte était certainement ouverte. Il s’est moqué de moi en se faisant passer pour Aldavid, c’était fantastique et charmant. Je m’y suis laissé prendre et l’ai tué... Hélas ! que vais-je devenir? Et je méditai quelque temps devant le corps ensanglanté de mon ami... Puis, tout à coup, une rumeur extraordinaire me fit sursauter. Encore un tour d’Aldavid, pensai-je, il annonce sans doute son couronne-