Page:Apollinaire - L’Hérésiarque et Cie.djvu/242

Cette page n’a pas encore été corrigée

2’i^ L HÉRÉSIARQUE ET G" son anoblissement sans doute récent, je lui demandai si les affaires marchaient, si l’étranger donnait cette année. — Me prendriez-vous pour un guide, s’écria- l-ii indigné, un guide, un simple guide ? — Je croyais, balbutiai-je, on m’avait dit... — Ta ta ta ! Ceux qui vous l’ont dit plaisan- taient» Vous me faites Feffet d’un homme qui demanderait à un peintre connu si le bâtiment marche bien. Je suis artiste, cher ami, et, qui plus est, j’ai inventé mon art moi-même, et je suis seul à Texercer. — Un nouvel art ? Peste ! — Ne vous moquez point, dit-il sur un ton sévère, je suis très sérieux. Je m’excusai et il reprit d’un air modeste : — Endoctriné dans tous les arts, j y excelle : mais, toutes les carrières artistiques sont encombrées. Désespérant de me faire un nom comme peintre, je brûlai tous mes tableaux. Renonçant aux lauriers poétiques, je déchirai cent cinquante mille vers environ. Ayant ainsi institué ma liberté dans Testhétique, j’inventai un nouvel art, fondé sur le péripatétisme d’Aristote. Je nommai cet art : l’amphionie, en souvenir du pouvoir étrange que possédait Amphion sur les moellons et les divers maté- riaux en quoi consistent les villes. i