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et Gloire, à l’auteur de Julie et d’Amélie, puisqu’il avait été l’éditeur d’Amour et Gloire. Cependant, par condescendance pour le véritable auteur de ce roman, qu’il avait fait paraître et mis en vente à sa librairie, Pigoreau termine ainsi l’article bibliographique qu’il consacre, dans sa Bibliographie romancière (1821), à Mme la comtesse de Choiseul-Meuse : On lui attribue : Eugénie ou N’est pas femme de bien qui veut (1813), 4 vol. in-12 ; Entre chien et loup (1809), 2 vol. in-12 ; on a peut-être raison. On lui attribue : Amélie de Saint-Far ou la Fatale Erreur, 2 vol. in-12 ; Julie ou J’ai sauvé ma rose, 2 vol. in-12 ; on a certainement tort.

« L’affirmation de Pigoreau ne reposait que sur un désir exprimé par la comtesse de Choiseul-Meuse, qui s’adonnait alors à la littérature d’éducation et qui ne voulait pas trouver un démenti à ses ouvrages moraux, dans ses débuts de romancière galante ou égrillarde. Au reste, personne, à cet égard, ne changea d’opinion sur la foi du libraire Pigoreau, et on préféra s’en tenir à celle que le libraire Marc avait confirmée dans son Dictionnaire des romans anciens et modernes (1819), en attribuant à Mme  la comtesse de Choiseul-Meuse, qui eut la prudence de s’abstenir d’une protestation publique : Julie ou J’ai sauvé ma rose, Amélie de Saint-Far ou la Fatale Erreur, Entre chien et loup, et Eugénie ou N’est pas femme de bien qui veut. On a lieu, en vérité, d’être surpris de voir des bibliographes, tels que Girault de Saint-Fargeau, dans la Revue des romans, s’obstiner à répéter, sans preuves et sans raisons, avec le savant Quérard, que si Julie ou J’ai sauvé ma rose et Amélie de Saint-Far ont été longtemps attribués à Mme  de Choiseul-Meuse, on sait aujourd’hui, d’une manière positive, que ces deux romans sont de Mme  Guyot.

« Ces romans de Mme  de Choiseul-Meuse, qu’on qualifiait de licencieux sous la Restauration, ne furent pas oubliés dans la fameuse Note de police qui fut signifiée aux propriétaires de tous les cabinets de lecture, à la date du 15 octobre 1826, pour avoir à supprimer tous les livres mis à l’index comme immoraux ou irréligieux. Cette suppression arbitraire explique la rareté de ces différents ouvrages, qui furent saisis dans les cabinets de lecture et détruits sans autre forme de procès. Julie ou J’ai sauvé ma rose était le seul de ces romans qu’on eût réimprimé plusieurs fois. Une de ces réimpressions fut suivie d’une saisie, et le jugement du