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Nous croyons utile de publier ici, bien que les renseignements qu’ils fournissent soient connus, l’Avis au Lecteur qui précède la Lettre, et une Note sur Mme Sabatier, « la Présidente ».

Cette Lettre à la Présidente est datée de Rome, 19 octobre 1850.


AVIS AU LECTEUR



Émile Bergerat, gendre de Théophile Gautier, dans son curieux livre si documenté : Théophile Gautier, Entretiens, Souvenirs et Correspondance, 1879, Charpentier, s’exprime en ces termes, dans une note à la suite de la lettre 1, à Eugène de Nully, 1835 : « Quant au ton qui règne dans cette lettre et que j’ai été contraint d’adoucir, je l’avoue, il ne faut pas oublier que le Maître avait 24 ans quand il l’écrivit, qu’il l’adressait à un ami intime, comme lui romantique à tous crins, et habitué au parler salé des ateliers de l’époque. Du reste, elle n’était pas destinée à la publicité ; il est inutile de le faire remarquer. Théophile Gautier a écrit deux ou trois lettres libres dans sa vie (une entr’autres, pendant son voyage en Russie), plutôt pour exercer la verve rabelaisienne qui était en lui, et s’amuser à l’emploi de mots tombés en désuétude, que pour les raisons vulgaires que l’on supposerait.

« Il maniait la langue des vieux conteurs gaulois avec une éloquence prodigieuse ; l’une de ces lettres, dont je parle, le fait l’égal de Rabelais ; de ce morceau d’exécution, les artistes de notre métier qui le connaissent, ne parlent qu’avec enthousiasme : c’est le récit d’un voyage en Italie ; il comprend plus de vingt pages et formerait une plaquette… s’il était imprimable. Il ne l’est pas, malheureusement, car il démontrerait quel orfèvre des mots c’était que Théophile Gautier et quel conteur ! »

Cette démonstration que M. Bergerat ne jugeait pas possible, cette lettre, ce chef-d’œuvre de langue grasse et colorée qu’un excès de pudibonderie a tenu si longtemps sous le boisseau, nous le donnons, pour la première fois, pour l’esbattement des pantagruélistes et non aultres, comme dit Maître François.

Nous entendons offrir aux curieux bibliophiles le pendant, en