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mal, elle est surchargée de fautes d’impressions. On attribue la traduction en français à l’avocat Nicolas, fils du libraire précédent. Le père et le fils sont morts dans un grand dérangement d’affaires. Chorier mourut aussi, peu de temps après, dans une grande vieillesse, en 1692, dans la même ville de Grenoble. Il a fait imprimer ses poésies latines. On y trouve les mêmes pièces de vers qu’il a insérées dans son Aloysia.

«« Ce que rapporte le Thomasius, et après lui ceux qui l’ont copié, n’est fondé que sur le rapport d’un ami qui avait vu un exemplaire de la Satyra Sotadica, sur lequel Beverland avait écrit que Jean Westrene était auteur de cet infâme ouvrage. Il n’y a pas beaucoup d’honneur à le revendiquer ; mais il est certain que Beverland s’est trompé, puisqu’il est de Nicolas Chorier. À qui en examinera la latinité, il sera facile d’y trouver une infinité de gallicismes, etc. Il y a plus, un séjour de six années à Grenoble m’a mis à portée d’être instruit parfaitement de ce fait. J’ai eu entre les mains un exemplaire de cet ouvrage sur lequel Chorier avait corrigé de sa main les fautes immenses que les imprimeurs de Genève y ont faites. Je connaissais parfaitement sa main, ayant travaillé assez longtemps à la Chambre des Comptes du Dauphiné. Cet original avait passé alors entre les mains de M. de la Roche, ancien conseiller du Parlement de cette province. Je le crois encore entre les mains de ses héritiers. Il n’y avait que dix ans que Chorier était mort, lorsque j’arrivai à Grenoble (1702). C’était un fait notoire dans toute la ville qu’il était l’auteur de cette satire, et que M. M. (du May), avocat général au Parlement de cette ville, avait fait les frais de ces éditions, Chorier n’étant pas en état de les faire par lui-même, Guy Allard, son contemporain, son ami et presque son semblable en genre d’études et de mœurs, me l’a dit et répété plus de cent fois. M. de la Roche m’a détaillé les particularités que je vous marque.

«« Enfin Chorier lui-même n’a pu se refuser la satisfaction d’avouer en quelque façon ce malheureux ouvrage. On trouve ordinairement deux pièces de vers qui y sont jointes. L’une est intitulée : In laudem eruditæ Virginis quæ contra turpia Satyram scripsit. L’autre est, autant que je puis m’en souvenir : Tuberonis genethliacon. Celui qui a fait ces vers est aussi l’auteur de l’Aloysiæ Sigiæ. Or Chorier a bien voulu reconnaître qu’il était l’auteur des