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4 volumes in-18 s. d. de 159, 352, 204 et 366 p., reliés basane jaune jaspée, dos orné pièce, tranches jaunes (1782, Paris, Cazin), avec 1 front. et 13 gravures non libres. Par Andrea de Nerciat.

Voir 446 à 449 et 450.

La destruction des éditions à figures de cet ouvrage, qui se vendait ouvertement au xviiie siècle, a été ordonnée par :

1o Arrêt de la Cour royale de Paris, du 21 décembre 1822 (Moniteur du 26 mars 1835) ;

2o Arrêt de la Cour d’assises de la Seine, du 9 août 1842, condamnant Régnier-Becker à 6 mois de prison et 200 francs d’amende (Moniteur du 15 décembre 1843).


Andrea de Nerciat a mis en épigraphe à son délicieux roman, ce vers :


La faute en est aux dieux qui me firent si folle.


cri que sa frivolité consciente et un bonheur sans fin arrachent à l’héroïne.

Félicia est un roman écrit sans prétention, le style manque parfois de soin, mais la grâce, l’esprit n’y manquent jamais et les trouvailles agréables y sont très fréquentes.

L’auteur, qui se jugeait, plaça ces vers en tête de Félicia :


Voici mon très cher ouvrage
Tout ce qui t’arrivera :
Tu ne vaux rien, c’est dommage ;
N’importe, on t’achètera.
Jusqu’au bout avec courage on te lira ;
La plus catin, c’est l’usage,
Au feu te condamnera ;
Mais la plus sage rira.


Sourira serait plus exact, et parfois même il se mêle un peu de mélancolie à cette folle production qui promène le lecteur dans les milieux d’artistes, parmi le haut clergé, dans la bourgeoisie et chez les personnes de qualité. Peintres, chanteurs, musiciens, prélats galants, chevaliers audacieux, clercs insolents, bourgeoises voluptueuses et timides se démènent, discourent et s’entraînent dans le plus provoquant désordre.