Page:Apollinaire - L’Enfer de la Bibliothèque nationale.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que l’ancien, qui trouva immédiatement le moyen de faire une réalité d’une idée en l’air ; — et, le 27 mai 1862, un public — très particulier — était convié d’assister à l’inauguration solennelle de l’Erôtikon-Théatron.


IV

« Ce théâtre était installé dans une salle vitrée, antichambre de la maison.

« M. Lemercier de Neuville en fut à la fois l’architecte, le maçon, le peintre, le machiniste et le directeur. Le privilège lui en fut, bien entendu, solennellement concédé.

« Au-dessus de la porte d’entrée, on lisait cette maxime, empruntée à la sagesse de Joseph Prudhomme :


Sans ordre on n’arrive à rien.

« Ladite maxime servit d’épigraphe aux affiches des représentations, données par ordre, puisque sans ordre on n’arrive à rien.

« Les inscriptions étaient nombreuses dans la maison. Locataires et visiteurs avaient tous l’esprit épigraphique.

« Chaque pièce avait donc une appellation particulière, qui se justifiait.

« Sur la porte des lieux, on lisait :


Parlez à Ponson

« On finit par dire : — Je vais chez Ponson, — pour : — Je vais aux lieux.

« Le domestique de la maison se composait de deux femmes : Tronquette, sorte de négresse blanche, longtemps au service de Titine, personne de mœurs légères qui a fait les beaux jours du café du Rat mort, après avoir fait ceux de M. Amédée Rolland, et de quelques autres gens de lettres. Tronquette était chargée de faire les lits de ces messieurs, mais son occupation essentielle consistait à ne jamais se laver les mains ni la figure. M. Auguste de Chatillon lui demanda un jour si elle se lavait autre chose ; Tronquette lui répondit : — Venez-y voir ! —