difficile qu’il parût : le désespoir et l’ennemie jurée de tous les entreteneurs, elle savait gagner leur confiance, devenir leur confidente et se rendre nécessaire pour les tromper plus sûrement. Elle joignait à un esprit vif un grand air de douceur, le jeu fin, intrigante, parfaite : rarement on trouvait sa prudence en défaut ; prise sur le fait, elle ne manqua jamais d’une excuse spécieuse, à qui elle donnait l’enveloppe de vérité ; jamais personne ne trompa si obligeamment. Enfin, Manon était une fille impayable pour une jeune personne sans expérience et folle comme j’étais ; ayant, de plus, un goût décidé pour tous les plaisirs brillants, qui exposent une fille d’un moyen état et dont les entreteneurs ne sont point titrés. Vingt fois elle eut besoin de
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