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tromper ; d’ailleurs M. le comte de P… le croyait trop son ami pour le soupçonner d’une pareille trahison : l’amitié a un bandeau derrière lequel se cache souvent l’amour. Dans combien de ménages l’ami de Monsieur est l’amant de Madame ! C’est même le grand art des hommes à bonnes fortunes de savoir, en fêtant l’un, plaire à l’autre, intéresser un argus, mettre à propos une soubrette dans ses intérêts et caresser jusqu’au petit chien, de peur qu’il n’aboie.

M. le comte de P… n’était jamais si content que quand il pouvait me procurer son ami à souper. Pouvais-je être plus heureuse ? Je vivais avec un homme qui me payait bien, dont l’amitié était intéressée à faciliter mes plaisirs ; j’aimais, j’étais aimée ; un