Page:Apollinaire - Histoire de Mlle Brion, dite comtesse de Launay.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
HISTOIRE DE Mlle  BRION

une fois elle a prononcé un « Je vous aime », qu’il lui en coûte peu pour couronner l’amour de l’objet qui a su l’enflammer ! M. de C… voulut se mettre à mes genoux ; je me jetai dans ses bras ; je l’aimais, pouvais-je trop tôt le rendre heureux ? Ma défaite lui annonça sa victoire. Amour, ce n’est que sous tes étendards que le vaincu et le vainqueur triomphent. Je lisais dans ses yeux tout le plaisir que son âme éprouvait et voulait me faire partager ; les miens étaient remplis de ces larmes précieuses que l’amour ne fait verser qu’à ses favoris ; tendresse, désirs, transports, tout nous devint commun ; ma bouche, étroitement collée sur la sienne, lui communiquait tous mes soupirs ; sa langue était un trait qui faisait passer chez moi tout le feu qui