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HISTOIRE DE Mlle  BRION

flamme s’opposait à son bonheur. J’avais ignoré jusqu’alors que le trop d’amour fût un obstacle à la jouissance ; je regardais déjà son état comme un affront fait à mes charmes, affront que les femmes, quelque philosophes qu’elles soient, ne pardonnent jamais.

M. D… s’aperçut d’un petit mouvement de dépit qui m’échappa malgré moi ; son amour en fut offensé. « Ma chère de Launay, me dit-il, rendez-vous plus de justice et n’insultez point au malheur du plus tendre et du plus passionné des amants, que dis-je ? ce n’en est point un, puisqu’il n’est occasionné que par l’excès d’une flamme qui fera toujours mon bonheur. Oui, charmante de Launay, ajouta-t-il, si je pouvais vous aimer moins, je serais bien plus sûr d’être heureux. »