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tion généalogique que dût parcourir l’individualité humaine, depuis les animaux inférieurs, depuis les organismes cellulaires jusqu’à cet homme primitif, entité anthropomorphe primordiale, dont probablement nous ne rencontrerons pas de sitôt les ossements à l’état fossile.

Il faudrait fermer les yeux à la lumière de la vérité, tenter d’étouffer la voix de la raison, si un homme, pour si grand que soit son orgueil, pour si éclatante que soit sa gloire de profond savant, de guerrier invincible ou de génie inspiré dans les lettres et dans les arts, pouvait nier sa propre ontogénie, c’est-à-dire son origine cellulaire et toute l’échelle morphique ascentionnelle par laquelle a passé son individualité, comme un éloquent résumé de la phylogénie ou de la genèse de toute l’humanité.

Il est depuis longtemps dans l’habitude de répondre à cela, qu’on n’a pas encore retrouvé les formes intermédiaires et les degrés successifs de l’échelle zoologique actuelle. À une pareille objection, nous devons répondre que beaucoup d’animaux intermédiaires ont été rencontrés dernièrement ; entre autres, de nombreuses espèces affiliées entre le Mammouth, l’Éléphant et le Mastodonte que Cuvier déclarait n’avoir aucun point de rapport entr’eux ; que, outre cela, bien rares sont encore les points de la superficie du globe qui n’aient été jusqu’à ce jour attaqués par le pic du mineur, ou ouverts par les tranchées des voies ferrées. Et encore, que de nombreux, que de vastes bassins fluviaux ou maritimes sont dus à des dépressions de terrains, jadis émergés, et dans les couches inférieures desquels reposent et reposeront peut-être pour toujours, hors de notre portée, d’innombra-