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INTRODUCTION HISTORIQUE

bats soutenus contre la puissance qui les asservissait. Prenons pour exemple la ville de Laon. Guibert , abbé de Sainte-Marie- de-Nogent-sur-Gouchy, au diocèse de Laon, qui mourut en iU, nous a laissé le récit des circonstances qui amenèrent l’établissement de cette commune. Le despotisme et l’avidité de son évêque, dit-il, en furent les principales causes. Depuis plusieurs années , sa ville épiscopale était le théâtre de tous les crimes ; lui-même avait été complice de l’assassinat du célèbre Gérard de Créchy , l’un des habitants les plus vertueux de cette ville ; on y volait impunément les étrangers ; les serviteurs du roi n’étaient pas à l’abri des insultes ; les nobles y exerçaient toutes sortes de brigandages et de cruautés. Dans ces conjonctures , les habitants ne trouvèrent d’autre remède à leurs maux que celui d’une confédération générale. Ils profitèrent de l’absence de leur évêque pour commencer cette ligue ; ils s’adressèrent au roi, qui donna sa sanction à ce mouvement, en leur faisant expédier une charte de commune, A cette nouvelle, l’évêque prend les armes , rassemble la noblesse de la ville et des environs dans son palais et dans les tours de son église. Après un siège opiniâtre, son palais et dix églises furent livrés aux flammes ; lui-même fut mis à mort par les bourgeois : et leur comnmne , détruite en punition de ces violences , fut bientôt rétablie par l’autorité royale. N’est-il pas étonnant , après cela , que l’historien , dont la véracité n’a pu dissimuler la conduite criminelle de l’évêque , puisqu’il avait été lui- même témoin des faits qu’il raconte , porte ensuite un jugement aussi injuste sur le remède apporté à tant de maux. Le nom seul do commune lui inspire une sorte de fureur : « la commune, dit-il, nom nouveau, nom détestable, a pour but d’affranchir les censitaires de tout servage, au moyen d’une redevance annuelle, n’imposant à ceux qui man-