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INTRODUCTION HISTORIQUE

avoir ordonné cette rédaction et assez puissant jwur la faire accepter. Cette adhésion s’explique d’ailleurs parce qu’on était en pays conquis (1)» que Farinée était commandée par un chef suprême , et qu’il y avait dans tout ce régime une sorte iVunité , sans laquelle les conquérants n’auraient pas pu se maintenir.

Mais, en France, les choses n’en étaient pas à ce point. Le territoire était morcelé en une foule de seigneuries, où chacun , à des degrés divers , prétendait plus ou moins à la souveraineté ; et tel seigneur , chef d’un contingent armé dans la croisade , obéissait lui et ses gens au roi de Jérusalem , généralissime des croisés , là où il aurait résisté au roi territorial de France.

£n effet , les hauts barons , dans leurs terres , s’étaient faits législateurs et juges ; ils tranchaient du souverain , exerçant sur leurs hommes, qu’ils appelaient leurs sujets, la presque totalité des droits régaliens ; usant du droit de guerre entre eux et avec leurs voisins, et bravant si versé dans a jurisprudence coutumière, que les anciens magislrals le consultaient coronie un oracle sur les matières les plus épineuses et les plus délicates ; » Jiris co^suETUDl^•ARII , plenam habebat experlentiam, ila ut in rébus dubiis , etiam seniores regtii principes , ej us consuter eut experientiam , el consnlii pecloris erudiiionem mirareniur. Jean de Salisbury (episl, 89) rend de Thiébaud comte de Plois, le même témoignage que Guillaume de Tyr à Baudoin : Theobaîdus illusiris Blesensinu s cornes , princeps quidem jusiiliœ awalor el juris cismonlaui perilissimus.Te était encore le roi Amaury, cinquième roi de Jérusalem en 1163 : « Des coustumes et des droitures par que ii resgnes estoitgo-M vernés savoit plus que nus des autres barons Les plez qui veiioieiit «( devant luy savoit bien finer par droit et par raison , si que tuil s’en - »< merveilloient. « Guill. de Tyr, liv.xix, chap.2. (1) Roberison en a fait la remarque dans son Introduction au règne de Charles Quint (1.2, p. 26G) ; « Les croisés victorieux, dit-il, for-M maient une espèce de colonie dans un pays étranger, el des aventuriers de toutes les nations de i’Kurope composaient celle nouvelle sociélé. On jugea nécessaire de fixer les lois et les coutumes qui devalent régler, parmi ces différent peuples, les affaires civiles et l’adminislraiion de la justice. »