Page:Anthologie néo-romantique, 1910.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE CHEMIN DE LA DESTINÉE


Durant cette journée, le soleil torride d’août avait déversé son étouffante chaleur sur la plaine et les champs. La nature s’était assoupie au sein de la nappe de feu qui l’enveloppait tout entière. C’était partout un silence profond.

Ce jour-là, nous avions attendu impatiemment, mon ami Jud et moi, l’instant où le grand astre, déclinant vers l’horizon, eût emporté ses rais brûlants, pour nous rendre sur les bords favoris de notre rivière et, dans la fraîcheur du soir tombant, continuer nos entretiens, interrompus la veille, sur l’Apocalypse.

Notre conversation reprit sur la vision aux Sept Sceaux. Elle se poursuivit d’abord dans le plus grand calme. Mais, elle devint animée, vive, rapide, au fur et à mesure de notre entrée dans les profondeurs de ce sujet d’où naissent les controverses les plus variées et les plus complexes.

Nos théories s’accordaient de moins en moins ; nous défendions chacun la nôtre avec l’acharnement d’un guerrier se précipitant à l’assaut. Tous les deux nous faisions des efforts héroïques pour